En instaurant l’état de siège dans le Nord-Kivu et l’Ituri en mai 2021, Félix Thisekedi s’engageait à éradiquer la violence dans l’Est. Mais un an plus tard, les résultats de cette mesure sont très critiqués.
Le nombre des morts à doublé en un an.
Lire aussi : Ituri: devant le premier ministre, les députés provinciaux ont plaidé pour la levée de l’état de siège
Trois cents-soixante-cinq jours et vingt-trois prorogations plus tard, le président a-t-il tenu sa promesse ? Peu semblent de cet avis, à commencer par la commission défense de l’Assemblée nationale, qui a dénoncé dès septembre une mesure prononcée « sans planification d’actions stratégiques, sans un montage financier conséquent et cohérent et sans définition d’objectifs militaires ». Dans l’arène politique comme sur la place publique, les critiques se sont multipliées au fil des mois.
Il faut dire qu’en un an, le nombre de morts lors d’attaques a plus que doublé dans la région, selon le Baromètre sécuritaire du Kivu. Aucun groupe armé n’a été démantelé. Pis : les Forces démocratiques alliées (ADF) ont étendu leur zone d’influence et le M23, pourtant défait depuis 2013, est de nouveau actif dans le Nord-Kivu.
Lire aussi : Ituri/Etat de siège: 11 mois après, le gouverneur militaire dit être à plus de 60% de ses actions
Après avoir séjourné dans les deux provinces sous état de siège, le ministre de la Défense avait reconnu que l’état de siège a été proclamé « dans un contexte difficile sans un soubassement quelconque de chronogramme et sans un montage financier conséquent à même de couvrir les besoins opérationnels sur le terrain ». Soulignant à plusieurs reprises les difficultés budgétaires auxquelles cette mesure fait face, il a néanmoins estimé que l’évaluation, à ce stade, était certes « positive », mais « pas satisfaisante, ni
suffisante ».
Le chef d’état-major Célestin Mbala avait lui, insisté sur les mêmes problèmes financiers, ajoutant que l’armée était également confrontée à un manque d’effectifs. Les députés ont ensuite tenu à être informés sur le « niveau réel des résultats atteints sur le terrain », car peu de succès peuvent être attendus « d’opérations insuffisamment planifiées ».
En novembre, Félix Tshisekedi a tout de même reçu le caucus des députés nationaux du Nord-Kivu et de l’Ituri. À cette occasion, il leur a fait part de la volonté de Yoweri Museveni de déployer ses troupes pour lutter contre les rebelles ougandais ADF. Officialisée à l’issue d’un couac de communication, l’opération conjointe des armées congolaises et ougandaises est désormais lancée. Pour combien de temps ? Là encore, le timing semble flou. L’armée ougandaise souhaite simplement en effectuer l’évaluation tous les deux mois. À voir, entretemps, les répercussions que cette nouvelle mesure aura sur le terrain.
Le dialogue consultatif de Nairobi, un aveu de l’échec ?
Les consultations entamées entre le gouvernement congolais et les groupes armés à Nairobi, fin avril, sont-elles un aveu d’échec ? À l’issue d’une réunion organisée par le gouvernement, mercredi 4 mai, lors de laquelle le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde, a fait le compte-rendu de sa dernière mission d’évaluation dans les deux provinces, le président a annoncé dans la nuit la tenue d’une table ronde sur l’état de siège, mais sans plus de précisions.
Vers la levée de l’état de siège une année après ?
Depuis son entrée en vigueur, l’état de siège
reste sujette à de nombreuses critiques, notamment en raison de la persistance des massacres dans les deux provinces concernées. Les prochaines semaines nous dirons plus.
Lire aussi : Irumu : l’état de siège nous a beaucoup aidé dans la chefferie des Andisoma (Jean Gaston Herabo)
Avec Jeune Afrique