Contre toute attente, alors que le président Tshisekedi avait exprimé son souhait de ne plus voir le gouvernement de la République demander une nouvelle loi d’habitation au parlement pour proroger l’état de siège, c’est exactement le contraire qui s’est produit.
La ministre de la justice et garde des sceaux a déposé ce samedi 11 juin 2022 à l’Assemblée nationale un nouveau projet de loi portant habilitation du gouvernement à prendre par Ordonnances-Lois, des mesures dans différentes matières, entre autres la prorogation de l’état de siège en vigueur depuis mai 2021 dans les provinces de l’Ituri et du Nord Kivu.
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Ce texte dont buniaactualite.com s’est procuré en exclusivité une copie, devrait être débattu au parlement avant le début des vacances.
Portant, au sortir de leur rencontre le 04 mai dernier avec le chef de l’État, le député Tembos Yotama élu de Butembo au Nord Kivu, avait rassuré l’opinion de la ferme volonté de lever cette mesure exceptionnelle qui a conféré tous les pouvoirs aux militaires, ceci avant le début des vacances parlementaires de juin qui devraient commencer d’ici le 15.
Même la tenue d’une table ronde pour décider de l’avenir de l’état de siège dont Félix Tshisekedi avait annoncé la convocation « en urgence » n’a jamais eu lieu, plus d’un mois après.
Ce qui a poussé le député Josué Mufula élu de Goma au Nord Kivu, de se demander « s’il n’avait pas cru au père Noël » lorsqu’il a fait confiance à cette assurance du président Tshisekedi.
« Chers collègues Députés nationaux de l’Ituri et du Nord-Kivu, quelqu’un a-t-il de nouvelles sur la fameuse table ronde promise par le Chef suprême concernant l’état de siège ? Il disait qu’il ne voudra plus de loi d’habilitation. J’ai finalement l’impression que j’avais cru au Père Noèl… » a-t-il écrit sur son compte Twitter.
La même impression est partagée par Jackson Ausse, un autre élu de l’Ituri qui s’oppose à toute nouvelle loi d’habitation qu’il juge d’inopportune, estimant qu’il n’y a pas urgence pour que le parlement parte en vacances.
« Habiliter le gouvernement pour le moment, je pense que c’est nous demander trop, je ne vois pas ici l’urgence qui va nous pousser d’aller en vacances parlementaires. Nous sommes en guerre, si les matières sont urgentes, c’est mieux de retarder les vacances parlementaires » estime cet élu d’Irumu.
Il évoque à cet effet l’article 144 de la constitution qui dispose que la clôture des sessions ordinaires ou extraordinaires « est de droit retardée » pendant l’état de siège.
En attendant l’évolution de cette situation, il ressort que visiblement l’état de siège dont le bilan une année après, est très critiqué par nombreux observateurs, va continuer son bonhomme de chemin.
Et le regain des affrontements dans le territoire de Rutshuru au Nord Kivu entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 soupçonnés de recevoir un appui du Rwanda, ne plaide pas faveur de cette mesure.
La Rédaction